mardi 29 novembre 2011

Le "derby basque", histoire d'une imposture.

Aujourd'hui, jour de derby. Originalement prévu à Saint Sébastien le 5 Novembre, celui-ci a été reporté aujourd'hui à Aguiléra dans des conditions sur lesquelles nous ne reviendrons pas. Tout le monde connait la fourberie des biarrots et leur tendance à tout faire pour déstabiliser notre équipe de "killers in gay blue and white" qu'elle redoute tant depuis notre épique et fabuleux dernier titre de champion de France, épopée célèbre que chantent tous les troubadours de l'ovalie de France pour endormir les enfants.

"Il état une fois l'Aviron Bayonnais qui devenait champion de France. Nous étions en 1943 et la France de l'Ovalie était occupée. Toute la France ? Non un petit village résistait toujours à l'envahisseur teuton, peu féru de rugby. Ce petit village, c'était le Petit Bayonne. Jean Dauger n'était pas encore un stade mais un talentueux joueur de rugby. A l'issue de ce top 95 disputé en des temps obscurs et douloureux de l'Histoire, l'Aviron triompha en finale face au SU Agen. Sur un score que ne renierait pas l'actuel Aviron Bayonnais: 3 à 0. La liesse s'emparait de la (vraie) capitale des pyrénées atlantiques (qui en l'occurrence n'existait pas en 1943...) et l'alcool de contrebande coulait à flot. Le patxaran et l'izarra conduiront à une gueule de bois mémorable puisqu'elle continue encore aujourd'hui. L'aviron n'a plus jamais été champion depuis, victime de complots sournois des voisin rouge et blanc et probablement aussi de ceux plus lointains rouge et noir." (ma maîtrise de wikipedia est stupéfiante...)

Mais pour relever l'intérêt d'un championnat leur échappant depuis si longtemps, les dirigeants successifs bayonnais ont inventé "le derby basque", en complicité avec les dirigeants biarrots (qui eux s'assurent ainsi d'avoir au moins une fois un stade plein dans la saison, justifiant la présence de stadiers, de buvettes et d'agent d'entretien à Aguilera, un stade qui est le reste du temps plus propice aux courants d'air qu'aux chauds contacts humains)
Car toute personne sensée et étrangère à un territoire limité par l'atlantique à l'Ouest, le Boucau au Nord, Ciboure au Sud et Hasparren à l'Est sait pertinemment que Bayonne et Biarritz sont aussi basque que Los Angeles est une ville togolaise, Istanbul une ville uruguayenne, Hossegor un village landais ou que les bordelais sont des gens normaux...
Bayonne est plus landaise qu'autre chose, et ce depuis qu'elle s'est évertué à détourner l'estuaire de l'adour de Capbreton...
Quant à Biarritz... Disons que Biarritz est à l'Ouest. Comme le sont les biarrots.

Mais un derby est toujours bon en matière d'image de marque. Et ce même pour des clubs insignifiants (que le stade montois et l'U.S. Dax me jettent la pierre)
Enfin, je suis la mascotte de l'un deux et je me dois d'honorer mes engagements (surtout sous la contrainte comme actuellement)


Notre détresse respective se lit sur notre visage.

Je souhaite cependant revenir sur la raison du report de ce match. Bien sûr personne de raisonnablement intelligent (donc ni journaliste sportif, ni Pierre Salviac) n'a cru à l'argument des oreillons. (Moi je m'en fous en plus je les ai eu quand j'étais encore un petit poney.) Ce n'est pas non plus de la faute de huget qui n'aurait pas su localiser le stade d'Anoeta. (il n'était même pas sélectionnable à l'époque)
Non ce report a été décidé d'un commun accord par les deux présidents, Monsieur Blanco (du B.O.) et notre nouveau président, Monsieur Cacao (ou quelque chose comme çà). En effet cette semaine là, il y avait bien quelqu'un de malade, mais ce n'était pas un joueur, seulement Géronimo l'indien, mascotte de l'Olympiakos Biarritzoak (c'est çà le nom complet, non ?)
Mon ennemi juré. Mon nemesis.
Indien de Pacotille échappé d'un mauvais western-spaghetti-axoa.
Il se trainait un gros rhume (en même temps se balader à moitié à poil en Novembre ne témoigne pas d'un grand sens de l'à-propos) Or il est de coutume lors des derbys d'effectuer un tirage au sort un peu particulier : plutôt qu'un pile ou face, moi et l'autre indien rachitique effectuons un combat de boue dans un établissement de thalasso propriété de Monsieur Blanco. Ce combat se déroule sous l'oeil de celui-ci et de Monsieur Cacao, ainsi que de quelques invités aux regards mi-amusés mi-lubriques, dont Monsieur Jean G. , maire de Bayonne et monsieur Didier B. , maire de Biarritz. Le vainqueur choisit ensuite le terrain, ou le ballon...

Enfin, pour conclure disons que ce derby fait discuter les supporters, ce qui est tout à son honneur avant l'inéluctable fusion qui devrait intervenir d'ici quelques mois, au pire pour la saison 2013/2014. Car vu les performances actuelles de ces deux clubs phares et s'ils continuent sur la même pente, la Pro d2 offrira de superbe derbys intra-aquitain l'année prochaine, entre Bayonne, Biarritz, Mont de Marsan, Dax, Pau, (et Saint-Vincent de Tyrosse évidemment)...

Je vous laisse, je vous ferai peut être un compte rendu de cet affrontement titanesque, pour l'instant je suis à Aguilera, désert comme un jour de match ordinaire. Le vent souffle légèrement, déposant l'odeur du gazon fraichement coupé sur mes naseaux. Il fait froid et mon poil se hérisse, le bracelet électronique que m'a posé Monsieur Cacao me tiraille la cheville. Je sens monter l'excitation doucement... Il me tarde le début du match et que je fasse de Geronimo un steak d'indien...
Et si ces deux clubs fusionnent un jour, et bien advienne que pourra. "Alea Jacta Est" dira-t-on, le coeur serré, la larme à l'oeil à l'évocation des joutes d'antan : le zen et la retenue de Richard Dourthe, les passes fulgurantes et le brushing de Yachvili, les négociations secrètes dans les coulisses de l'Aviron, le jeu fluide et inspiré du Bého, Le vino griego jusqu'à la nausée, les embruns fouettant le visage sur les dunes de Biarritz. Jusqu'à la nausée également.
Peu importe l'issue du match, forcément un affrontement glorieux, épique, stressant et emmerdant. Chaque camp pourra de toute façon se consoler début Août pendant les fêtes de Bayonne. On vomira dans la nive en bleu et blanc ou en rouge et blanc selon sa préférence (et selon les liquides ingurgités avec toute la modération légendaire des fêtes)

Si fusion doit advenir, se dire qu'on aura au moins évité une vision d'horreur : la fusion du physique du président Blanco avec celui de Monsieur Francis.
Vous imaginez ces cheveux sur la tête de Serge Blanco ?
La nausée...

De retour de l'enfer

Nous étions mi-avril et je m'apprêtais à rédiger la suite de mon épopée comme mascotte vedette. Voici comment démarrait ce post :

"Chapitre 2 : violence conjugale et drogues dures.
NB : Je rédige cette note caché dans un train en partance pour l'Espagne. En effet, au vu des évènements actuels à l'Aviron Bayonnais, j'ai décidé de m'échapper de cet enfer incognito. Si je suis présent au prochain match, c'est que la nouvelle équipe dirigeante m'a rattrapé et me fait travailler sous la contrainte. J'ai déjà enduré beaucoup de choses, mais je ne pourrai pas supporter longtemps une deuxième arrivée de Bernard Laporte sur les rives de la Nive (encore moins son probable deuxième départ 3 semaines après)
Mais revenons à nos moutons. Enfin, à nos pottoks."

C'est alors que je le vis surgir dans le wagon, l'oeil furieux derrière ses petites lunettes rondes, un jambon de bayonne à la main. Bernard se jeta sur moi en hurlant "Foutrecon de poney de merde !" avant de m'assommer d'un coup de jambon.
Je me réveillai dans un coffre de voiture bringuebalant, les yeux bandés et les pattes liées comme un vulgaire rôti de Pottok. Bernard me sortit du coffre de sa voiture et me jeta dans une autre voiture. J'eus à peine le temps d'entendre les clameurs d'un stade proche dont la foule chantait "O toulouse" de Nougaro. Puis j'entendis un étranger baragouiner notre langue de manière incompréhensible et Bernard répondre "Ce poney cocainomane va nous servir de monnaie d'échange. Ne t'inquiète pas Byron, tout va se passer comme prévu"
Passons rapidement sur la suite, je fus enfermé dans une cave pendant quelque temps avec pour seule occupation l'écoute d'aupa B.O. et la diffusion ininterrompue de tous les derby basques de l'histoire... J'en fus vite amené à implorer mes tortionnaires de diffuser plutôt les derby entre Dax et Mont-de-Marsan, à peine moins emmerdants et souvent plus musclés et moins avare de chataignes. Je commençai même à regretter le vino griego ou la pena baiona... J'étais donc au bord de la falaise de la folie et de la pottokanthropie (la haine des pottoks), et sur le point de faire un pas en avant.

Aux côtés de Max Energie, célèbre promoteur de calendriers et patron de radio musicale décérébrée, un de mes tortionnaires: le commandant Lourdeau. Et son célèbre bonnet rose lui donnant une vraie tête de bitte (d'amarrage)

Mais je fus à ce moment là échangé à mon ancien maitre, Monsieur Francis. Je n'ai jamais su les termes de cet échange, Monsieur Francis me disant simplement qu'il préférai les pottoks aux kiwis. A partir de cet instant je ne recouvrai pas tout à fait ma liberté, car la situation au club était tendue et tout le monde soupçonnait chacun de trahison. Je n'étais donc que relâché les jours de match, surveillé de près, plusieurs snipers prenant position sur les hauteurs de Jean Dauger au cas où me prendrait l'idée de m'enfuir. L'idée d'une nouvelle fuite était séduisante et j'ai plusieurs fois songé à des stratagèmes : à bicyclette, à cheval, à la nage par la Nive ou par l'Adour... Mais bon, le sport à l'Aviron, c'est pas trop notre truc. Cela fait tout de même quelques paires d'années que l'on fait passer une équipe de danseurs pour une équipe de rugby à toute la france ovale qui n'y voit que du feu. Pourquoi croyez-vous que notre sponsor est un dealer de lunettes ?

Finalement je ne reviendrai pas sur la suite de l'histoire, les coulisses décadentes de ce club tortionnaire de mascotte fit les choux gras des gazettes spécialisées (copyright JM Baylet)
Et donc je viens seulement d'être mis en liberté conditionnelle pour le fameux derby dans la ville voisine et pourtant ennemie historique.
Anglet... Ou bien est-ce Saint Jean de Luz ? Le boucau ? Saint Pierre d'Irube ? Non ça se termine par "Itz"... Ustaritz ? Bon en fait, si je prononce le nom honnis, j'ai peur de me retrouver dilué dans une baignoire de kalimutxo.

Je reviens très vite pour vous faire une petite présentation de ce derby bien connu pour être célèbre (copyright Desproges) Enfin surtout entre Hendaye, Tarnos, Cambo et Bidache. Au-delà, point de salut.
Muxu mes amis. (Sauf toi, Geronimo. Si je te croise tout à l'heure, je te scalpe)

samedi 2 avril 2011

Chapitre 1 : Amour de jeunesse à l'université des mascottes


Pour comprendre l'origine de mon calvaire il faut remonter dans le passé : 1997, l'université des mascottes de Los Angeles. Je suis une jeune mascotte en apprentissage en compagnie de mes futurs camarades du top 14 : Ovalion, Geronimo l'indien, le bibendum Michelin... Je suis déjà le souffre-douleur de la classe et je subis bizutages, moqueries et dois faire les devoirs et travaux personnels des autres élèves. Comme un signe du destin, c'est Geronimo l'indien qui est le plus cruel et le plus insultant de tous envers moi.
Il faut savoir qu'à notre arrivée à l'université, nous ne sommes encore que des mascottes en formation et n'avons donc pas d'équipe désignée. Elle le sont lors de la remise de nos diplôme de docteur ès mascotte. Malgré tout, la direction de l'université tente de respecter les spécificités de chaque mascotte lors de notre nomination dans l'équipe qui nous acueillera. C'était d'ailleurs un des sujets favoris des moqueries de mes camarades à mon encontre. En effet, la future équipe que j'allais supporter ne pouvait pas se trouver ailleurs que dans une région où se pratiquait l'élevage de Pottoks. Autant dire que les choix étaient limités...
Je m'appliquais donc à travailler dur et devenir une mascotte de référence afin de ne pas finir mes jours sur le terrain de Mouguerre, Saint Jean pied de Port ou même d'Urrugne. Geronimo l'indien s'amusait beaucoup à se moquer de ma future région professionnelle lui étant sûr de faire carrière aux USA, comme mascotte d'une équipe de NBA ou de NFL... Mais sa mauvaise attitude et ses mauvais résultats amenèrent l'université à le punir. Et il fut donc nommé mascotte du Biarritz Olympique. L'un des plus beaux jours de ma vie. Je le revois en pleurs demandant, hagard, qui était le monsieur avec le gros ventre qui l'amenait en laisse vers l'aéroport. Il venait de faire connaissance avec Serge Blanco.
Cette période de ma vie connut toutefois un moment de bonheur lors de la rencontre de mon premier et seul amour. Ce jour-là, une mascotte confirmée qui allait débuter l'année suivante ce qui était l'ascension de l'Everest dans ce job vint nous donner une conférence sur la confiance en soi et sur le charisme des mascottes. Lorsqu'il apparut à la tribune de l'amphi, je fus conquis et tombai amoureux sur le coup. Il était là, flamboyant, souriant, dorénavant seul maître de mon coeur. J'allais devenir son esclave sexuel, il allait devenir mon pygmalion :

Oui. Footix. Ma moitié depuis bientôt 15 ans.
Notre amour chaotique et destructeur allait débuter le jour même.

Dans les prochains chapitres je reviendrai sur cette idylle compliquée et ses répercussions sur ma vie professionnelle. Je reviendrai aussi sur mes débuts difficiles à l'Aviron Bayonnais et ses coulisses rocambolesques, puis sur ma descente aux enfers. Car j'allai bientôt entrer dans le monde du rugby et connaitre une vie de vices et de violence dans cette ville sauvage aux coutumes étranges. Ainsi que l'enfer de la drogue. Non pas de l'héroine, de la cocaine ou du LSD, drogues de mauviettes. Non je veux parler de la drogue dure, la vraie.
Le kalimutxo.

Une semaine après mon arrivée à Bayonne, j'essaie de m'enfuir de cet enfer en scooter. Francis Salagoity, cheveux au vent, m'arrêtera au lasso à une dizaine de mètres de la frontière avec Biarritz...